Le 04/02/2013
Par Sandrine
Résumé :
- 05/01/2013 (Jour 491)
Puebla (2054 m) jusqu’à Atlixco, Distance parcourue : 36,72 km, Temps pédalé : 2h09, Altitude à la ville d’arrivée : 1826 m
- 06/01/2013 (Jour 492)
Atlixco (1826 m) jusqu’à Cautla, Distance parcourue : 74,11 km, Temps pédalé : 4h02, Altitude à la ville d’arrivée : 1270 m
- 07/01/2013 (Jour 493)
Cautla (1270 m) jusqu’à Tepoztlan, Distance parcourue : 31,18 km, Temps pédalé : 2h45, Altitude au village d’arrivée : 1806 m
- 08/01/2013 (Jour 494)
Tepoztlan (1806 m) jusqu’à Metepec, Distance parcourue : 37,04 km (+70 km en camion), Temps pédalé : 4h00, Altitude au village d’arrivée : 2610 m
- 09/01/2013 (Jour 495)
Metepec (2610 m) jusqu’à Toluca, Distance parcourue : 8,90 km, Temps pédalé : 0h44, Altitude à la ville d’arrivée : 2660 m
- 10/01/2013 (Jour 496)
Toluca (2660 m) jusqu’à Atlacomulco, Distance parcourue : 64,88 km, Temps pédalé : 3h28, Altitude à la ville d’arrivée : 2536 m
- 11/01/2013 (Jour 497)
Atlacomulco (2536 m) jusqu’à San Juan Del Rio, Distance parcourue : 79,70 km, Temps pédalé : 4h33, Altitude à la ville d’arrivée : 1925 m
- 12/01/2013 (Jour 498)
San Juan Del Rio (1925 m) jusqu’à Queretaro, Distance parcourue : 52,49 km, Temps pédalé : 2h31, Altitude à la ville d’arrivée : 1830 m
- 13/01/2013 (Jour 499)
Queretaro (1830 m), visite de la ville, blog, lessives, restos, repos etc.
- 14/01/2013 (Jour 500)
Queretaro (1830 m) jusqu’à Salamanca, Distance parcourue : 90,62 km, Temps pédalé : 4h56, Altitude à la ville d’arrivée : 1695 m
- 15/01/2013 (Jour 501)
Salamanca (1695 m) jusqu’à Guanajuato, Distance parcourue : 73,70 km, Temps pédalé : 4h38, Altitude à la ville d’arrivée : 2025 m
- 16/01/2013 (Jour 502)
Guanajuato (2025 m), repos, restos, visite de la ville, blog etc
- 17/01/2013 (Jour 503)
Guanajuato (2025 m) jusqu’à Lagos De Moreno, Distance parcourue : 104,30 km, Temps pédalé : 5h32, Altitude à la ville d’arrivée : 1871 m
- 18/01/2013 (Jour 504)
Lagos De Moreno (1871 m) jusqu’à Aguascalientes, Distance parcourue : 87,73 km, Temps pédalé : 5h18, Altitude à la ville d’arrivée : 1868 m
- 19/01/2013 (Jour 505)
Aguascalientes (1868 m) jusqu’à Cosio, Distance parcourue : 62,68 km, Temps pédalé : 3h35, Altitude au village d’arrivée : 2015 m
- 20/01/2013 (Jour 506)
Cosio (2015 m) jusqu’à Zacatecas, Distance parcourue : 63,43 km, Temps pédalé : 4h13, Altitude à la ville d’arrivée : 2368 m
- 21/01/2013 au 22/01/2013 (Jour 507 à 508)
Zacatecas (2368 m), repos, visite, blog etc.
- 23/01/2013 (Jour 509)
Zacatecas (2368 m) jusqu’à Sombrerete, Distance parcourue : 87,45 km (+80 km en pick-up), Temps pédalé : 4h18, Altitude au village d’arrivée : 2315 m
- 24/01/2013 (Jour 510)
Sombrerete (2315 m) jusqu’à Durango, Distance parcourue : 10,13 km (+130 km en pick-up), Temps pédalé : 0h54, Altitude à la ville d’arrivée : 1877 m
- 25/01/2013 au 27/01/2013 (Jour 511 à 513)
Durango (1877 m), repos, visite, blog, skype, restos, étude trajet USA etc.
- 28/01/2013 (Jour 514)
Durango (1877 m) jusqu’à El Salto, Distance parcourue : 52,16 km (+40 km en pick-up), Temps pédalé : 5h25, Altitude au village d’arrivée : 2540 m
- 29/01/2013 (Jour 515)
El Salto (2540 m) jusqu’à Palmito, Distance parcourue : 100,58 km, Temps pédalé : 7h08, Altitude au village d’arrivée : 1940 m
- 30/01/2013 (Jour 516)
Palmito (1940 m) jusqu’à Mazatlan, Distance parcourue : 112,56 km, Temps pédalé : 6h21, Altitude à la ville d’arrivée : bord de mer !
- 31/01/2013 au 01/02/2013 (Jour 517 à 518)
Mazatlan ,visite, ciné, restos, repos, lessives, blog, skype etc.
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La reprise est difficile après près de 3 semaines de repos. Suite à une si longue pause, on n’est jamais très motivé de repartir. On a constaté depuis le début du voyage qu’il suffit de quelques jours sans vélo pour que le corps se ramollisse. Comme tout sport d’endurance, au bout de 3 semaines de pause, on a l’impression de perdre plus de 50% de nos acquis, tant sur le plan musculaire que respiratoire. En gros, on a l’impression d’être des semi-loques 🙂 . Ce qui nous amène à jurer de ne jamais plus refaire de pause si longue. On verra… Aussi, dans notre voyage, nous sommes constamment en itinérance, menant ainsi une vie de nomades. Presque tous les jours, on charge et décharge nos vélos dans des endroits différents alors lorsqu’il nous faut nous arrêter quelque part longtemps, cela casse cette routine et une autre s’installe, celle d’un semblant de chez-soi avec de nouvelles habitudes : un café sympa qu’on a repéré, un ciné le soir, etc. Et quand arrive l’heure de reprendre la route, il faut carrément se flageller pour repartir.
Vous avez compris, voilà grosso modo ce qu’on a ressenti en ce jour de reprise entre essoufflement, courbatures et cœur qui bat à la chamade. La totale. Heureusement, on oublie vite cet inconfort grâce aux sourires, aux mains agitées que nous cueillons tout au long de la route. Ca, c’est le Mexique.
Pour une reprise, nous avons décidé (les jambes plutôt) de faire court, une trentaine de kilomètres, pour nous arrêter à Atlixco. On a bien eu raison car comme partout au Mexique, le 5 janvier, on fête l’arrivée des Rois Mages et c’est la fête. Pour les enfants, c’est le jackpot. Le 5 au soir, ils accrochent leur liste de cadeaux sur un ballon gonflable qui s’envolera au ciel pour que les Rois Mages leur envoient les joujoux en échange. Bon, ils doivent quand même en toucher deux mots aux parents avant d’accrocher leur lettre 🙂 .
A Atlixco
Défilé des Rois Mages avec un vrai éléphant !!
Et qui dit jour de fête ou week-end de paie au Mexique dit nuit horrible pour nous. Entre les pétards, les cris de soulards et la musique à fond jusque très tard dans la nuit, il ne reste plus beaucoup de place pour dormir dans tout ça. On n’a rien sans rien. Avec le recul, on remarque que c’est ce qui nous manque au quotidien en France, la fête, le bruit, la musique, les rires, le « chaos », car ici c’est un peu comme ça tous les jours, ça transpire la joie de vivre!
Un double expresso avant de prendre la route
Dans notre itinéraire, nous avons choisi de contourner Mexico DF par le sud. Hors de question de pédaler dans une mégalopole d’environ 20 millions d’habitants. Or, il se trouve que la capitale est située sur une sorte de plateau entouré de montagnes et volcans. Pas de chance pour nous. Les cuisses sont en feu. On souffre. Il nous faut grimper de 1300m d’altitude à 3200m.
On ne fait que grimper
Et on n’a pas fini
On décide de faire cette montée en deux étapes. D’abord, jusqu’à 1800m, où on s’arrêtera à Tepoztlan, un joli village indien niché au creux de falaises abruptes. Le village est très touristique et est connu pour sa communauté de hippies et excentriques venus s’installer ici dans les années 70.
Tepoztlan
Tepoztlan
A Tepoztlan, même marcher est difficile
Quelle vie de chien
Note : Vincent étant un adorateur de chiens (les beaux, les moches, les sans-poils, les courts sur pattes, les galeux, etc.), il a absolument tenu à publier TOUS ses clichés de chiens dans l’article.
Les coccinelles sont partout
Crise oblige, notre prochaine voiture
Tepoztlan
Vers le marché
De très beaux étals
On fait un pari ?
Une bonne nuit de sommeil et on repart. En guise de petit déj, on a droit à une trentaine de kilomètres de montée pour arriver à 2800m. Malheureusement pour nous cyclistes, ce n’est pas parce que sur la carte, il faut monter à 3200m que nous allons nous contenter d’une simple côte et non, à nous les montagnes russes ! Hop, une bifurcation et il nous faut redescendre de 300m pour remonter à nouveau.
Dans ces moments-là, on se félicite mutuellement de ne pas avoir opté pour un tandem, afin de pouvoir ronchonner chacun de son côté… C’est vrai qu’on est 24h/24, 7j/7 ensemble depuis 16 mois. Qui a déjà vécu cette situation sait qu’un peu de distance parfois ne fait aucun mal :-).
On entame donc la mini-descente avant de trouver un véritable mur à remonter ! Il nous reste 3 heures avant la tombée de la nuit alors faut pas qu’on traîne. Au moment où l’on s’apprête à s’engager dans la bataille, une femme d’une soixantaine d’années sort de chez elle et vient à notre rencontre. S’ensuit la conversation : « hé les jeunes, vous allez où comme ça ? », « au prochain village » lui répond-on. Et là, elle se lance dans un monologue à vous donner envie de rentrer chez vous : « la route est dangereuse jusqu’à Santa Marta. Vous ne pouvez pas y aller, la route est très isolée et il y a beaucoup de délinquance, de voleurs, de bandits par ici. Et il est tard ». Elle nous dit de prendre un taxi jusqu’au prochain village, puis se ravise, non il faut prendre un bus jusqu’à la prochaine grande ville, soit environ 70 kms. Surpris et un peu abasourdis, Vincent lui demande s’il y a un endroit où passer la nuit ici en attendant de repartir tôt le lendemain. « Non, il n’y a rien ici » nous répond-elle. Voilà qui nous arrange bien, faut pas prendre la route mais faut pas compter dormir au village non plus. Voyant qu’on hésite, elle continue sur sa lancée en s’adressant à Vincent: « vous savez, c’est pour elle que je m’inquiète (me montrant du doigt), elle va se faire violer mais vous, ils vont juste vous voler ». C’en est trop, merci pour les illustrations, Vincent s’impatiente et prend congé. En plus, mettre toute la responsabilité sur ses épaules, c’est pas cool… Il est vrai que la route est sinueuse et grimpe à travers une forêt dense de pins. En Europe, ces routes-là sont idéales pour le vélo. Quoi de mieux que de rouler dans la verdure ? Non, ici, au Mexique ou très souvent en Amérique latine, il est conseillé de rouler sur l’autoroute, là où il y a du trafic. C’est d’ailleurs là que les cyclistes font tous leur sortie du dimanche.
On est donc face à un dilemme : la croire ou continuer notre route comme on l’avait prévu ? Le truc c’est que les gens trouvent toujours que ce qu’on fait est dangereux, que les villages voisins sont dangereux, que tout est dangereux. Mais bon, on entend le même discours depuis 16 mois. C’est comme ça depuis l’Argentine. Pour beaucoup de gens, voyager à vélo est une utopie et surtout une aventure dangereuse. S’il faut avoir peur de tout, autant rester chez soi, non ? Mais ce qui retient notre attention c’est que cette femme, nous ayant vus prêts à prendre cette route, est sortie exprès de chez elle pour venir nous alerter. Ca n’arrive jamais que quelqu’un vienne nous barrer la route pour nous prévenir d’un danger. Alors on l’écoute ou pas ? Pour en avoir le cœur net, on décide d’interroger d’autres personnes et toutes sont unanimes : cette route semble dangereuse à cause de fréquentes attaques armées même si en plein jour c’est moins risqué. En deux temps trois mouvements, je hèle une camionnette et nous chargeons notre barda dans la benne. Si on ne peut pas dormir dans le village et si la route est dangereuse, pas de temps à perdre, on se casse d’ici!
Depuis la benne, on constate que la route est très étroite, pentue et sans accotement. Sans parler de la délinquance (la vraie, pas celle du métro parisien) qui semble y sévir, partager une voie étroite toute en courbes avec les camions, ça donne finalement pas trop envie. Dans notre tête on remercie cette dame qui nous a prévenus ! Donc pas trop de regrets au final. On se fera même déposer plus loin que prévu, dans la grande ville en question. Et pour être franche, si on a le choix, on préfère ne pas revivre un Salvador bis :-)! Autant, lorsque les éléments naturels se déchaînent ou lorsqu’un animal nous attaque pour protéger son territoire, on trouve cela acceptable. C’est un peu comme défendre son steak, c’est loyal. Ce qu’on craint plutôt, c’est le bipède détraqué ou mal intentionné, surtout quand il est armé…
Ca secoue pas mal là dedans
Le lendemain, rebelote, en demandant notre chemin à un chauffeur de taxi pour sortir de la ville de Toluca, un homme qui a entendu la conversation nous arrête gentiment pour nous signaler que le trajet expliqué n’est pas recommandé pour nous, touristes. Il nous demande de faire marche arrière et reprendre l’axe principal, très lourd en trafic, car il ne vaut mieux pas qu’on s’attarde dans les quartiers annexes. Il nous fera même un dessin sur un bout de papier pour nous indiquer le chemin à prendre, en employant plusieurs fois « s’il vous plaît » dans ses phrases pour qu’on suive strictement le trajet qu’il nous conseille et ne pas écouter d’autres gens. « S’il vous plaît », comme pour signifier qu’on arrivera ainsi à bon port, sain et sauf. Autant vous dire que ça nous a refroidis et que ça commence à bien faire toutes ces mises en garde. Bien entendu, on est super reconnaissant pour ces interventions mais c’est juste que pour le moral, c’est pas terrible. Au Mexique, nous n’avons jamais ressenti aucune peur ni perçu aucune menace. Par contre, on lit bien l’inquiétude des gens avec qui on parle de notre voyage. Les yeux se plissent, le visage se ferme et la discussion se termine quasiment toujours par « que Dieu vous protège ».
Les jours suivants se déroulent sans encombre avec encore quelques mises en garde, bien sûr, au cours des nombreuses discussions avec les mexicains. Comme nous sommes relativement proches de la capitale, le trafic est lourd. Le bruit incessant des moteurs nous fatigue mais la route est plate donc on en profite pour accélérer la cadence. Notre prochaine pause est prévue à Queretaro, connue pour son joli centre colonial classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Vive le vélo
Oui, on a soif !
Du jambon serrano et des saucissons en veux-tu en voilà
Les zones résidentielles en sortie de ville…
Une vingtaine de kms avant d’arriver à Queretaro, le long de la route, un mexicain qui bricole le moteur de sa voiture dans un terrain vague, heu dans son jardin pardon, nous hèle pour qu’on vienne discuter avec lui. On lui explique ce qu’on fait et on l’écoute :
« Ah vous allez vers le nord, vous savez, c’est du sable et des pierres là-haut, il n’y a rien. Je connais bien le coin, j’ai essayé de passer la frontière 10 fois pour rentrer aux USA. J’me suis fait attraper 7 fois quand même ! Bon, quand c’est du côté mexicain, ça va si t’as de l’argent pour arroser les flics ou l’armée. Par contre, si tu ne peux pas payer, tu dérouilles, voire pire. Côté américain, c’est différent, ils te ramènent directement au Mexique. Tu ne peux rien négocier mais par contre ils te traitent bien. Au final le plus dur, c’est les 5 jours que tu passes dans le désert à marcher avec les coyotes (les passeurs) qui te guident. La dernière fois que je suis passé, je suis resté 2 ans là-bas pour bosser. Et puis il y a eu la crise et ils ont fait la chasse aux sans-papiers. Du jour au lendemain c’était fini ! Les narcotrafiquants, eux, ils n’ont pas de problème pour passer, ils y vont en avion, en camion, en voiture, en bateau…ils ont de l’argent ! Vous allez au Canada ? Faites plus simple, prenez l’avion à Queretaro, ce sera plus rapide. Bon allez bonne route ! ». Fin de la discussion, le gars replonge dans son moteur. Intéressant.
La ville de Queretaro est effectivement très belle et le centre colonial vaste. On prend beaucoup de plaisir à nous perdre dans les ruelles. C’est jusqu’alors, une des plus belles villes qu’on ait visitée.
Queretaro
Queretaro
Dans les rues de Queretaro
Vincent aime les points de croix
Ah les corvées quotidiennes
C’est bon ça
Pour la suite de notre voyage, une belle série de jolies villes nous attend aussi : Guanajuato (encore classée au Patrimoine mondial de l’Unesco), Zacatecas (idem), Durango et Mazatlan. Ca nous donne encore plus d’énergie de savoir qu’on va être récompensé de nos efforts ! Même les multiples crevaisons n’arrivent pas à entamer notre moral d’acier et puis les mexicains sont toujours aussi adorables avec nous.
Comment t’as fait ça ??
Encore une !
Carton plein pour Vincent
Entre nous, c’est bien fait pour lui qui pense que je fait TOUJOURS exprès de rouler dans les débris… :-).
Un élevage de veaux au bord de l’autoroute…
Les pauvres veaux sont enchaînés
Lors d’une pause dans une station essence, un agriculteur engage la conversation. Ce sont les drapeaux des pays traversés qu’on a collé sur les vélos qui l’ont interpellé. José adore voyager et nous invite à le suivre pour… une dégustation de fraises ! En effet, les fraises vendues dans le pays proviennent toutes de la région et il est très fier de nous montrer ses terrains. C’est lui qui a le plus grand rendement du coin grâce à son dispositif de serres. Il nous explique qu’il produit des fraises durant 9 mois de l’année et les 3 autres mois sont consacrés à la production d’asperges vertes et blanches. On écoute ses explications, la bouche pleine de fraises mûres. Au fond de la serre, un employé balance copieusement un produit dans les rangées. Pris d’un doute, on lui demande ce qu’il fait. La réponse nous fait passer l’envie de fraises : « c’est pour tuer les petites araignées blanches qui attaquent les fraises » nous dit-il. Gloups… tant pis, elles sont quand même bien bonnes et cette rencontre inattendue nous file la pêche nécessaire pour grimper au village de Guanajuato.
Miam !!!
Merci pour les fraises José !
Nous sommes tombés sous le charme de Guanajuato, qui se classe en tête des plus belles villes du voyage. C’est dire à quel point elle nous a plu !
Guanajuato
Guanajuato
L’université de Guanajuato
Un curieux
Vous remarquerez qu’il fait toujours beau ici
Deux curieux
On joue à cache-cache ?
Magnifique chien de race
Guanajuato
Le chien de balcon
Tu veux un tacos ?
Ou un épi de maïs ?
Chien à la retraite
De belles balades à faire
Etroites ruelles
Le théâtre de Guanajuato
Uniformes obligatoires à l’école
Sympa pour accompagner nos sushis
Vue depuis notre chambre
Vue de notre chambre
On a un peu de mal à quitter Guanajuato pour rejoindre Zacatecas mais la route nous appelle !
Allez, il est l’heure de partir
Nous poursuivons notre avancée vers le nord sur des axes très empruntés mais nous offrant un large accotement pour être tranquilles.
Pause autoroute
Je me ramènerais bien une paire de santiags…!
Après une bonne nuit de sommeil dans un hôtel situé dans une zone industrielle (la classe 🙂 ), nous nous arrêtons à Cosio, minuscule point sur la carte, pour chercher une chambre. Il y a bien une auberge dans ce tout petit village mais il est complet et on nous renvoie chez une famille qui loue des chambres au mois. Pas de bol non plus, il n’y a plus de place. Après concertation avec son mari, la dame nous propose de nous ouvrir la maison de sa sœur, qui ne vient que très rarement ici. C’est tout bon, on ne dormira pas au chaud ce soir mais au moins à l’abri ! Merci Audelia, qui nous invitera même à venir dîner chez elle le soir.
Audelia et Jorge ont vécu 30 ans en Californie avant de revenir s’installer dans le village l’année dernière à cause des problèmes de santé de Jorge. Jorge a du mal à marcher et est un peu paralysé sur toute la partie gauche de son corps, suite à une attaque cardiaque survenue aux Etats-Unis. De ce fait, il a perdu son boulot de chauffeur routier et le montant élevé des soins médicaux ont poussé le couple à revenir au Mexique. Audelia nous explique qu’elle ne se fait pas à sa nouvelle vie et que les Etats-Unis, où vivent 5 de leurs 6 enfants, lui manquent. Ici, nous dit-elle, il n’y a rien à faire, pas de travail. Tous deux ne travaillent pas et ne perçoivent aucun revenu sauf les maigres loyers des chambres qu’ils louent et l’argent envoyé par les enfants.
Au fil de la discussion, on apprendra que cela faisait des années qu’ils n’étaient plus revenus au Mexique car la route au nord du pays était trop dangereuse. Les voitures, chargées en marchandises et cadeaux en tout genre, étaient régulièrement la cible d’attaques armées par des bandes organisées. Ils avaient trop peur. Tout le monde a peur. C’est seulement depuis peu qu’ils voient des convois de voitures circuler en direction ou en provenance des Etats-Unis. C’est tout récent, nous disent-ils. La situation semble donc s’arranger.
En compagnie de José et d’Audelia
Sur la route, le verdoyant a fait place au rocailleux.
Tu sais où on est ?
Il n’y a plus d’arbre, tout n’est que sable, pierre, cactus et herbes rases. La vue est dégagée sur des kilomètres. Ce paysage désertique nous enchante car très différent de ce qu’on connaît chez nous. On aime le « rien », avoir la sensation d’être des crottes de mouches dans cette immensité :-). On a l’impression d’être des intrus dans ce décor de western. On est peinard quoi !
Y a quelqu’un ?
La route pour nous
Il n’y a qu’un mot: peinards !
Une fois arrivés à Zacatecas, ville touristique avec encore son centre historique classé au patrimoine mondial de l’Unesco, on est étonné de constater que la ville semble complètement endormie. Pas de marchand ambulant, aucun touriste. En 3 jours, on aura la confirmation que les hôtels sont vides, pareil pour les restaurants. Il ne se passe absolument rien dans cette ville. Bien que ce ne soit pas la saison haute, c’est surprenant d’être les seuls touristes dans une ville décrite comme « incontournable » dans beaucoup de guides. Etrange.
Façade de la cathédrale de Zacatecas
Les jours suivants, pour rejoindre Durango, ne sont pas des plus reposants. Si, en fait. Je m’explique. Les conditions de sécurité sur la route peuvent changer très vite ici et la route de Zacatecas vers Durango (environ 300 kms) serait devenue dangereuse selon les dires des Mexicains.
Rien que nous
Et parfois des camions
En effet, nous avions à peine pédalé 90 kms depuis Zacatecas qu’une patrouille de la police fédérale nous « arrête » pour nous demander ce qu’on faisait ici, sur la route. On leur explique donc qu’on a l’intention de pédaler ainsi encore quelques temps dans le pays et notamment jusqu’à Durango. S’en suit un long monologue sur les risques démesurés que nous prenons ici, sur cette portion de route où des agressions et braquages ont régulièrement lieu depuis quelques mois. En réponse, on leur promet de ne jamais rouler de nuit comme on l’a toujours fait et que de toute façon, on avait l’intention de nous arrêter ici pour aujourd’hui et commencer à chercher un lieu où passer la nuit, soit en louant une chambre chez l’habitant, soit en posant notre tente quelque part un peu plus loin. La mine désapprobatrice d’un agent et sa moustache qui se tord nous fait comprendre que ça n’a pas l’air de lui plaire. L’un d’entre eux nous expliquera qu’il ne souhaite pas qu’on reste dormir où que ce soit dans le coin. Au bout d’un long échange, on comprend qu’il faut qu’on parte d’ici… à bord d’un véhicule. La police nous arrête un pick-up et nous fait monter, nous et nos montures. Nous sommes pris en charge par un convoi de forains qui nous dépose dans un village « sûr » situé à 130 kms avant Durango. Daniel, le conducteur, nous confirme que la route est devenue dangereuse depuis un an à cause d’attaques régulières et que des règlements de compte entre narcotrafiquants ont fréquemment lieu dans les villages. Il nous explique qu’il y a quelques mois, il se promenait dans la rue avec son fils de 5 ans et sa femme lorsque des coups de feu ont eu lieu devant eux. « Nous nous sommes tout de suite jetés à terre. Il y a eu 4 morts. », nous dit-il. Tiens donc :-)! A priori, ce ne sont pas les narcotrafiquants que nous craignions. Ils s’en fichent de nous, gringos à vélo. Notre crainte, c’est plutôt de tomber sur des délinquants bien enfouraillés (« enfouraillés », c’est Vincent qui l’a rajouté bien sûr)qui semblent être bien présents dans les parages. De notre expérience salvadorienne, on a bien compris que ça les énervait encore plus quand ils se rendent compte que tu n’as presque rien à voler…Au final, on a l’impression que c’est aussi dangereux de posséder que de ne rien posséder, sont chiants ces gars là :-)!
On passe la nuit à Sombrerete avant de tenter de faire du stop jusqu’à Durango. Comme je vous l’ai dit, 130 kms nous séparent de la ville. Il y en a marre d’entendre tous les jours depuis deux semaines (depuis que nous sommes au nord de la capitale en fait), que la route est dangereuse. Il y en a marre de lire la crainte sur le visage de nos interlocuteurs qui sont pourtant si sympas. Il y en a marre d’entendre « que Dieu vous protège » à chaque fin de discussion!
Ne sachant où se placer stratégiquement pour réussir à se faire embarquer en stop, nous optons pour une courbe donnant sur un vaste terrain. Je tente le pouce levé à chaque passage de voiture. Vincent, lui, est parti discuter avec un garagiste à 100m pour prendre la température. Il m’apprend que le coin n’est pas « sûr » car les bandes se tirent dessus ici. Impeccable. On attend encore un peu avant qu’un pick-up se gare à notre niveau. A bord, Ernesto et son épouse, la trentaine, nous informent que la zone est super craignos et que personne ne s’arrêtera jamais ici. Les gens ont trop peur. Pourtant, il faut savoir que nous sommes à peine à la sortie du village. Ils nous proposent de nous déposer à une dizaine de kms, dans un endroit plus calme. Ne comprenant pas où ils comptaient nous déposer et la méfiance aidant, on refuse poliment en leur expliquant qu’on allait essayer encore un peu. Ils reviennent au bout de 10 min pour nous proposer de faire un détour et nous déposer dans un village à 50 kms d’ici sur notre route. Ils nous expliquent qu’ils ne peuvent pas nous laisser là où on fait du stop, nous touristes, car Ernesto est persuadé qu’il nous arrivera quelque chose. Encore des anges-gardiens. On se serre à 4 à l’avant du pick-up et pendant 20 min, on discute de tout et de rien, on rit comme d’habitude au Mexique. Ils nous apprennent qu’un américain a été tué ici l’année dernière pour sa moto. On essaie de relativiser sur notre cas en expliquant qu’attaquer des touristes pour voler des vélos, c’est plutôt prendre beaucoup de risques pour pas grand-chose. Mais il est formel : « le problème c’est qu’ils peuvent vous tuer. Ils s’en fichent ces gens-là. Et ne comptez pas sur la police ou l’armée pour vous aider, ils sont tous pourris ! ». Ils nous déposent à une station essence. A nous de trouver une autre voiture pour couvrir les 80 kms restants. Vincent fait le tour des voitures qui font le plein et en 5 min nous trouve un autre pick-up. A bord, une famille de 3 personnes, qui a tout de suite accepté de nous prendre. Idem, ils nous confirment que la route est dangereuse mais pas uniquement pour nous. Eux aussi sont des cibles potentielles. D’ailleurs, ils partent faire des courses à Durango mais se dépêcheront de rentrer avant la nuit… Dans leur entourage, ils ont des personnes qui se sont fait attaquer et leur beau pick-up peut attirer la convoitise… Sur la route, ils conduisent comme sur un circuit de formule 1. On est collé au siège :-)!
Ernesto et son épouse
Comme je le disais plus haut, nous n’avons jamais perçu ni violence ni menace au Mexique. Jamais nous nous ne sommes sentis en danger. Au contraire, après l’Amérique centrale, on s’est même fait la réflexion que c’était un pays reposant. Cependant, à force de lire de l’inquiétude sur les visages et d’entendre parler de danger tous les jours durant les 2 dernières semaines, bah, le doute finit par s’immiscer dans nos esprits. On finit par être nous aussi inquiets et méfiants. On profite moins du paysage. On est plus tendu, plus fermé. On prend nettement moins de plaisir à voyager dans ces moments-là, mais heureusement, on relativise toujours.
Sur les 600 kms qui nous restaient, on n’en pédalera que la moitié. Tant pis. C’est le prix à payer pour avoir l’esprit tranquille. A 10 jours de retrouver ma mère et ma grand-mère, qui font le déplacement à Los Angeles pour nous voir, l’excitation de les voir balaie la déception de ces kilomètres « perdus ». En plus, une grosse partie de ma famille vit à L.A. et ils nous attendent de pied ferme pour faire la fête !
Pour consolation aussi, les rencontres provoquées durant ces deux jours à faire du stop ont été riches. Les gens se confient et semblent particulièrement heureux de nous aider, comme si dans leur esprit ils avaient l’impression d’être venus à la rescousse de deux gringos en péril :-). Pour nous, ce sont de belles leçons d’entraide et nous apprenons que la peur peut parfois rendre les gens individualistes, mais elle peut aussi donner naissance à une grande chaîne de solidarité et c’est particulièrement vrai au Mexique. Jusque-là, face à des situations risquées, il y a toujours eu quelqu’un pour nous prévenir et nous barrer la route. Ce sont nos anges-gardiens. Le Mexique en est truffé.
Nous voilà donc à Durango, où nous profitons de notre avance pour y rester 3 jours et étudier la suite de notre périple. Nous allons quitter la route qui mène vers le nord pour bifurquer à l’ouest en direction du Pacifique jusqu’à Mazatlan, grosse station balnéaire. La route vers la côte est paraît-il une des plus belles du pays. Et effectivement, pour nous, elle l’est !!
Sortir de Durango ne fut pas très compliqué. Direction l’autoroute, en tout cas pour les portions qui existent. Effectivement, pour l’heure, seules deux sections sont en fonctionnement: les 100 premiers km depuis Durango et une vingtaine de km avant la côte. La section du milieu en montagne est toujours en cours de construction. Ce n’est pas grave car l’ancienne route a l’air d’être au moins aussi spectaculaire, toute en courbes et virages serrés à flanc de montagne avant de rejoindre la côte.
Paysage aride au départ de Durango
Un fort vent de face nous accueille ce matin et soufflera toute la journée. On s’en doutait car la côte Pacifique est balayée par un vent d’ouest/nord ouest. C’est une constante. On plaisante souvent sur notre « wrong way trip ». En tout cas, ce matin, on ne plaisante pas trop, on serre plutôt les dents. On se concentre pour ne plus se focaliser que sur le rythme des coups de pédales. La route est vallonnée, ce qui rend l’effort encore plus conséquent. Je peine et avance comme un escargot, le plus lent des escargots. Le nez dans le guidon, je perds patience et n’arrive pas à positiver au point de trouver ce qu’on est en train de faire complètement débile. C’est comme ça, il y a des jours sans. Aujourd’hui, c’est sans. Je me sens épuisée au bout de plus de 5h d’efforts, j’ai les genoux qui tirent et on n’est pas rendu. 50 km nous séparent encore du prochain village. Le vent ne se calmant pas, je « crise ». Je n’ai plus qu’un souhait : que le vélo se brise tout seul et rejoindre Mazatlan en bus. Après concertation, nous nous résignons à faire du stop pour arriver au village prévu. De toute évidence, ce n’est une partie de plaisir pour aucun d’entre nous deux.
Ligne droite = fort vent de face
Une chambre douillette, une bonne nuit de sommeil et le moral repart.
Un feu qui réchauffe les coeurs et les corps
Les paysages sont beaux et l’air vivifiant. Avec un peu de chance, l’ancienne route étant très tortueuse, on sera un peu à l’abri du vent. Comme hier, on ne fait que grimper. Après le désert, nous voici au milieu d’une forêt de pins.
La route est agréable
Aujourd’hui est une journée « courte », un peu moins de 50 km mais il est à peine 15h lorsqu’on arrive à destination alors on décide d’avancer afin de raccourcir la distance pour les prochains jours. Tous les mexicains croisés sont unanimes. Il n’y a que de la descente vers le prochain village. Wow, une descente douce de 53 km ! Puisque ça a l’air fastoche, on poursuit notre route sans se poser davantage de questions. Bizarrement, en guise de descente, c’est une montée raide qui nous accueille suivie d’une série interminable de montée-descente-montée-descente. Le paysage est vraiment beau et nous fait passer la pilule. La nuit commence à s’inviter et on espère à chaque virage voir le village où on a prévu de passer la nuit. En vain. On cherche du regard un endroit où poser notre tente mais on est à flanc de montagne. Heureusement, on finit par arriver de nuit à El Palmito et on se rue vers le premier « hôtel » croisé. Effectivement, on est passé de 2540 m à 1940 m donc il y a bien une descente, sauf que c’était tellement vallonné qu’on n’a jamais ressenti de descente…
Une très belle route
A flanc de montagne
De belles courbes, un bel asphalte, le rêve de tout cyclo
Kiroukou ne se lasse pas du paysage… mais il faut partir !
On n’est pas rendu…
On est au niveau des nuages
Un panneau indique 110 km pour Mazatlan. On tente le coup ou pas ? Les jambes sont lourdes de l’étape de la veille mais l’envie d’en découdre est là. Encore une fois, les mexicains rencontrés sont unanimes, il n’y a que de la descente et du plat jusqu’à Mazatlan. Cette fois-ci, c’est le cas. Après 15 km, on s’élance dans une belle descente ultra sinueuse avant de rejoindre la nouvelle autoroute. La pente devient plus douce et on se laisse glisser tout en admirant le paysage. La route est spectaculaire. On traverse des canyons, des tunnels et des ponts. 35 km de descente au total, c’est un régal.
Un cycliste heureux
Passer le Tropique du Cancer à vélo, la classe 🙂
La nouvelle autoroute est vraiment spectaculaire
Pas moins de 18 tunnels
Des dizaines de ponts pour admirer le paysage
On est toujours au dessus des nuages
Vers Mazatlan, du sec à nouveau
A l’approche de Mazatlan, le trafic devient lourd et on parvient à rejoindre la vieille ville sans trop de soucis. Pour fêter la fin de notre dernière étape au Mexique, on décide de s’offrir une jolie chambre pour3 nuits. Cerise sur le gâteau, on tombe sur un charmant Bed & Breakfast tenu par Alicia et William, un couple mexicano-hollandais. L’endroit est vraiment sympa et le prix hors de notre budget mais c’est notre jour de chance aujourd’hui. Alicia et William nous ont à la bonne et comme le courant passe bien, ils nous font un rabais de près de 50%. Hourra !!! Un beau cadeau pour nos trois dernières nuits au Mexique. On aura aussi quelques bonnes discussions sur « comment monter son affaire au Mexique »… Ça donne des idées 🙂 .
Alicia et William, merci pour votre cadeau
Avant de monter dans le bus qui nous amènera à Tijuana, on prend le temps de digérer ces dernières semaines passées au Mexique. Ce sera pour nous un des pays les plus marquants du voyage, tant pour ses paysages que pour la gentillesse des gens.
Pour l’heure, il nous faut filer à Los Angeles, où on est très attendu par ma famille. Fin de l’Amérique latine : changement de décor, de langue, de culture. On est toujours sur le continent américain mais pour nous, c’est comme le début d’une nouvelle aventure cyclonomade.
Ciao les amis !
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